Dans les faits, vous vous méprenez puisque la progression de l’indice vedette des actions françaises a dépassé son niveau de septembre 2000 de près de 50 % !
La raison de cet écart vertigineux s’explique par le fait que le CAC 40 est un indice qui mesure uniquement les variations des cours sans tenir compte des dividendes versés. Or, quand vous détenez des actions, votre moteur de performance est composé à la fois de la variation des cours mais aussi du dividende versé avec lequel vous avez la possibilité d’acquérir de nouveaux titres.
L’indice qui prend en compte le réinvestissement des dividendes bruts versés par les sociétés du CAC 40 existe et se dénomme CAC 40 GR (GR signifiant Gross Return en anglais soit rendement brut en français). Le paradoxe est que cet indice qui offre une mesure réelle de la performance des actifs boursiers demeure peu utilisé par les professionnels et se trouve être totalement inconnu du grand public !
A l’inverse du CAC 40, le CAC 40 GR a dépassé son point haut de septembre 2000 dès janvier 2007 alors qu’à cette même date l’indice CAC 40 affichait encore un repli de 15 %. Si la crise des subprimes a lourdement fait rechuter les marchés boursiers à l’été 2007, il n’en demeure pas moins que le CAC 40 GR a, dès octobre 2013, récupéré le point haut de septembre 2000. Tandis qu’à cette même date, le CAC 40 affichait encore un repli de 35 % et que, pour recouvrer son niveau record de septembre 2000, il devait donc enregistrer une hausse de plus de 50 % !
Ceci démontre donc que l’utilisation de l’indice CAC 40 comme indicateur de référence de la progression de la bourse n’est pas judicieuse. Ne pas intégrer les dividendes aboutit à une importante sous-estimation de la performance réelle de la bourse française. Comme le démontre le graphique ci-après, les écarts sont très conséquents puisque, depuis sa création fixée au 31 décembre 1987, le CAC 40 a été multiplié par 5,3 contre 14 pour le CAC 40 GR. Preuve que l’investissement boursier est très rémunérateur tout en étant nettement moins risqué qu’il n’y paraît.
L’utilisation d’un mauvais outil de mesure (le CAC 40 au lieu du CAC 40 GR) procure une mauvaise information auprès des épargnants en laissant supposer que l’investissement boursier est moins rentable qu’il ne l’est en réalité. Cette erreur n’a pas été commise par nos voisins allemands puisque leur indice vedette, le DAX 30, intègre le réinvestissement des dividendes. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle les entreprises allemandes sont devenues plus compétitives que les nôtres car, d’apparence plus rentables, elles attirent plus facilement les capitaux des épargnants.
Cette diffusion du mauvais indice boursier explique certainement en partie l’aversion au risque chronique dont souffre l’épargnant français ! Attention toutefois à ne pas sombrer dans un excès d’optimisme pour autant. La prise en compte des dividendes permet de constater que les marchés boursiers ont atteint des niveaux historiquement très élevés suite à la progression soutenue de ces dernières années. Ainsi, la hausse globale des actions françaises, depuis le creux de 2011, est de 130 % et non de « seulement » 80 % comme pourrait le laisser supposer la progression de l’indice CAC 40. Cette forte hausse est plutôt annonciatrice d’un risque de correction à venir que d’une poursuite de la progression des cours. Autrement dit, la période est davantage propice aux prises de bénéfices qu’à l’investissement massif en actions.
En clair, l’utilisation d’un indice plus adéquat que le CAC 40 s’avère utile pour offrir une meilleure lisibilité des marchés aux épargnants. C’est la raison pour laquelle nous avons intégré le CAC 40 GR dans les indices boursiers figurant en dernière page de notre lettre mensuelle.